J’ai lu : Michto ou la haine crescendo, de Daniel Panizzoli
Par Frédéric Candian, auteur de plusieurs romans, dont Deux âmes dans l’antre des fous (Publibook, 2002) et La communauté de Thésée (Edilivre, 2009), ainsi que du recueil de nouvelles Le langage des oiseaux (Edilivre, 2015). Son site web : www.fredcandian.fr
Quand on a une vie aussi bien remplie que celle de Daniel Panizzoli, c’est un crime de ne pas en faire un livre, même si on ne se sent pas l’étoffe d’un écrivain.
J’ai eu le temps d’écrire ces lignes, sans avoir bien sûr la prétention d’être un écrivain, mais avec mes mots à moi.[…] Si je me suis permis de m’exprimer ainsi, c’est parce que de nombreux amis m’ont souvent conseillé de le faire, pensant que mon parcours est assez original pour en laisser une trace.
Et pour être original, le parcours de Daniel Panizzoli l’est ! Né à Nancy en 1956, dans un contexte familial difficile, Daniel Panizzoli, est rapidement surnommé Michto.
Débrouillard et épris de liberté, le petit Daniel préfère compter sur ses amis que sur sa famille. A onze ans, il commet des vols à l’étalage et de petits trafics. A l’internat, il sait se faire respecter.
Il faut toujours taper le premier, ce sont des réflexes qu’on ne perd pas, plus tard j’arriverais à les maîtriser.
De bons résultats scolaires, cependant, lui permettent de ne pas prendre le mauvais chemin, même si son indiscipline lui joue des tours. Un CAP en poche, Daniel Panizzoli se met en quête d’un travail et devient carrossier, un métier qui le passionne. Promu ouvrier qualifié, le jeune Nancéen commence à vivre confortablement.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais c’est mal connaître notre homme, plus enclin à dévorer la vie qu’à végéter. Après un court passage dans l’armée d’où il parvient à sortir réformé, Daniel Panizzoli démissionne de son travail et brûle la vie par les deux bouts. Sexe, drogue, rock’n roll et petits larcins avec ses potes.
Je connaissais suffisamment de combines pour survivre.[…] C’est comme ça qu’on se retrouva bêtement à dealer.
Vous l’aurez compris, le livre de Daniel Panizzoli raconte l’histoire vraie d’un électron libre, aussi bien homme à tout faire que voyou au grand cœur, aussi charmeur que grande gueule. La vie qu’il aura menée, c’est un peu celle que beaucoup d’entre nous envient sans oser se l’avouer, cette vie de risques et d’opportunités, de coups de bluff et de coups du sort, de voyages et d’aventures que nous nous interdisons par peur du lendemain.
Daniel Panizzoli n’a pas connu cette peur et même si à de nombreuses reprises, cela aurait pu très mal finir pour lui, rien ne l’arrête. Prenant la route et enchaînant des voyages en Afrique du Nord, au Sénégal, Daniel Panizzoli boit, fume, travaille, trafique, fait la fête. Un jour ici, un autre là, il joue de son charme et enchaîne les conquêtes féminines. Les périodes de stabilité sont rares, et ne durent pas.
Avec ma vie de baroudeur et toutes mes expériences professionnelles, j’avais visité une bonne partie de l’Europe et de l’Afrique de l’Ouest.
A quarante ans, après une vie déjà bien remplie, Daniel Panizzoli tourne la page. Au revoir Nancy, bonjour la Dordogne, adieu Michto, rebonjour Daniel. Tournant le dos à ses mauvais penchants, drogue, alcool et délinquance, il se lance avec un ami dans la brocante, menant de pair une action bénévole auprès des plus démunis et d’importants travaux dans une maison de campagne fraîchement acquise. Là encore, l’affaire tournera court par manque de fiabilité de son acolyte, contraignant Daniel à changer une nouvelle fois de cap.
Daniel Panizzoli devient routier et sillonne la France, trouvant au bout du chemin… l’amour et le mariage avec celle qui l’aime secrètement depuis longtemps, Béa.
Dans l’ensemble, je ne peux pas dire que j’ai été malchanceux, […] cependant il ne faut pas craindre de provoquer son destin. C’est une leçon que je retiens et qui me convient. Les risques font partie de la vie, il faut savoir défier la peur, ce qui peut parfois être même excitant, mais il faut aussi savoir perdre, accepter l’échec, le considérer comme une expérience sans avoir à se le reprocher.
La fin de son épopée, je ne la révèlerai pas. Je vous laisse la découvrir en lisant Michto ou la haine crescendo, un livre riche en coups de gueule, qui est à la fois une autobiographie, un carnet de voyage, une saga menée tambour battant où des personnages vont et viennent, des amitiés naissent puis se brisent. Un livre qui a en plus du reste fait naître une vocation d’écrivain chez Daniel Panizzoli, qui enchaîne les publications depuis, des publications que j’espère avoir l’occasion de vous présenter un jour chez L’ami des auteurs.