J’ai lu : Demain aussi, le soleil brillera…, de Rebecca Edimo Di Giusto, aux éditions Edilivre
Par Frédéric Candian, auteur de plusieurs romans, dont Justice (Bénévent, 2005) et La communauté de Thésée (Edilivre, 2009). Son site web : www.fredcandian.fr
Tout le monde ne peut pas, ou n’ose pas tenter la grande aventure, le voyage sous les tropiques. Rebecca Edimo Di Giusto, avec son conjoint Patrick, a osé, à l’occasion d’une année sabbatique.
Notre auteure, d’origine camerounaise mais ayant fait sa vie à Paris, avait déjà publié le récit de ses explorations, dans un livre intitulé La vie sous d’autres cieux, paru en 2010 aux éditions Le manuscrit. Et comme elle l’explique en préambule, ce deuxième volume, paru chez Edilivre, est en quelque sorte une réédition augmentée du premier.
C’est au Kenya que Rebecca et Patrick poseront d’abord leurs valises, pour élever quelques animaux et découvrir un pays d’Afrique où la beauté sauvage de la nature n’a d’égale que la dangerosité des routes et des pistes. De safaris photo en rencontres insolites, nos explorateurs découvriront un certain art de (sur)vivre, traverseront une guerre civile et, au côté des Kenyans, apprendront à apprécier un quotidien rude mais entier.
Ponctuellement de retour à Paris, ils sauront mesurer le contraste entre nos deux cultures, les facilités qui font cruellement défaut là-bas, l’imprévu et la joie de vivre qui font cruellement défaut ici. C’est donc au Kenya que se déroule une grande partie du livre, mais nos voyageurs visitent aussi l’Afrique du Sud, la Réunion, avant de s’envoler pour le Canada et se fixer un temps au Costa Rica.
Autant dire que ce livre de Rebecca Edimo Di Giusto nous fait voir du pays, ce qui n’est jamais une mauvaise chose. Ne pas croire pour autant que les anecdotes rapportées ici font montre d’un exotisme idyllique. Les réalités sombres et inquiétantes de ces pays ne nous sont pas épargnées et l’auteure nous livre ses réflexions et ses constats, parfois amers. Il n’y a pas d’un côté l’Occident froid et distant, et de l’autre la chaleur des peuples africains. Le constat est plus nuancé. D’une certaine manière, quelques passages du livre m’ont fait penser à Des raisins trop verts, d’Anne MG Lauwaert, même si dans le livre de Rebecca Edimo Di Giusto, on reste quand même plus dans le carnet de voyage que dans le cri de révolte et d’alarme.
Ce qui est commun aux deux livres, c’est la nécessité de mieux se comprendre. A l’heure où les migrants africains mal informés de ce qu’il trouveront en Europe s’entassent à leurs risques et périls dans des coques de noix pour traverser la Méditerranée, les Européens, mal informés eux aussi, assistent avec inquiétude et impuissance à ce phénomène dont nous ne pouvons que difficilement appréhender les conséquences à long terme.
Il semble loin, le temps où un récit de voyage pouvait se contenter de n’être qu’une simple carte postale. Et c’est pourquoi sur la couverture paradisiaque de Demain aussi, le soleil brillera…, le titre ambivalent évoque l’espoir d’un avenir meilleur.