interview de Vincent Blenet par Sandrine Turquier, poétesse 3/3
Sandrine Turquier : Le capitalisme est l’égal de l’Enfer puisqu’il consume l’homme dans chaque parcelle de son être et vous parvenez avec maestria à dénoncer dans votre livre ce système et l’aspect souterrain de celui-ci chez l’homme en cette période de pandémie.
Enfermer, confiner n’est-il pas le déclic révélateur selon vous de la part obscure qui sommeillait en chacun ? Plus l’individu est isolé plus la véritable nature humaine se révèle ?
Vincent Blénet :
La bienséance et le politiquement correct est l’affiche géante et récurrente de la société humaine. Personne n’avouera avec franchise brutale ses défauts. L’hypocrisie est maîtresse dans notre société, dans notre époque.
Oui je suis persuadé qu’au fond des gens il y a la crasse, l’aryanisme, l’égoïsme, le vice et le tournevis. J’ai été témoin de nombreuses bassesses des gens dans le centre-ville, ma vie n’a fréquenté que des personnes qui n’ont même pas dissimulé leurs âmes machiavéliques, nocives, destructrices. Beaucoup ont été des salauds prodigieux.
Il est un fait, si vous bousillez l’esprit et l’émotionnel de quelqu’un, si vous le torturez à longueur de temps, à la fin vous verrez que cette ancienne victime est devenue votre pire cauchemar, le reflet de vos peurs les plus intimes, les plus absolues.
De même avec l’argent, plus vous avez d’options, de droits, de possibilités, de faveurs charnelles de la part des femmes, plus serez aptes à préserver le masque hypocrite du correct et du respect de l’humain. Par contre plus vous êtes isolé, sans évasion, aucune possibilité financière, peu de confort, aucun choix de hautes qualités gastronomiques, pas de considération puisque vous êtes un « fauché », un « disgracié », que les femmes vous rejette avec férocité et qu’elles vous bannisse puis vous condamne de toutes saveurs sensuelles et érotiques avec elles, plus vous touchez le fond et vous n’avez que la colère à portée de main. Alors vous laissez transparaitre votre nature sombre. La noirceur de l’être est basée sur l’asphyxie de l’âme. Plus on est enragé, plus on exprime une envie, un besoin vital de vivre et de ressentir.
Pour la situation sanitaire, effectivement il y a des exagérations un peu trop explicites. Je conçois qu’il est primordial de protéger et vacciner les gens. Par contre, enfermer et empêcher toutes activités (notamment celles des petits artistes, lesquels n’ont pas les soutiens nécessaires pour partager leurs œuvres) à des personnes vulnérables, fragiles et déjà privées des options variées qu’offre l’argent, toutes ces séquestrations ne représentent en rien une précaution sanitaire mais une privation à ces personnes, afin qu’elles aient la motivation et la force de survivre psychiquement à cette douloureuse passe sanitaire.
Donc le gouvernement français a une attitude assez nationale-socialiste dans les déclarations à la presse, presque comme s’ils étaient des Godefroid de Montmirail lançant des miettes avariées du vieux pain aux Jacquouilles, assis par terre loin de la table des Seigneurs, lorsqu’ils évoquent ce qu’ils autorisent et ce qu’ils interdisent aux citoyens français avec les vagues Covid.
C’est par ailleurs assez étrange que l’on ait baptisé ce virus Covid-19 ?! Certains nous dirons que c’est parce qu’il a été créé et diffusé « around the world » fin 2019, ou qu’il a été fabriqué par laboratoire en 2019 (les mêmes genres de labos qui façonnent les neuroleptiques que j’avale tous les jours, les mêmes complices de la matrone psychiatrie).
Mais lorsque vous lancez une opération commando pour savater ceux qui ne plaisent pas, lorsque vous lancez une opération de guerre contre des « ennemis », vous verrez que les militaires sont habitués à mettre des chiffres en lien avec l’ennemi à abattre.
Et comme le farfadet farfelu de l’Élysée, chat-perché halluciné dans son monde virtuel de totalitarisme. Comme le farfadet illuminé de sa secte nous a dit en prime-time : « nous sommes en guerre, l’ennemi est là ». Mais qui est vraiment cet ennemi ?
Est-ce son virus ou est-ce nous les habitants de France ?…
Je ne suis pas à dire qu’il n’y a pas eu de victimes, non ça il y a eu des personnes tombées à cause de cette épidémie.
Par contre l’exagération, l’outrance dictatoriale en revanche…
J’ajouterai cette définition du mot : PROPAGANDE :
Propagande nom féminin
Action exercée sur l’opinion pour l’amener à avoir et à appuyer certaines idées (surtout politiques). Propagande électorale. Faire de la propagande pour qqch. qqn.
D’ailleurs que faites-vous quand vous êtes envahis par des individus qui vous embêtent, qui vous encombrent ? Vous les gazez et vous faites le nécessaire pour retrouver votre confort.
Je fais référence aux bestioles qui squattent mon domicile. Je suis infesté de punaises de lit, j’ai des moucherons et quelques cafards.
Et pourtant je nettoie mon appartement au mieux, mais je ne suis pas un fou furieux de l’Ajax, je laisse ça aux meurtrières psychos genre Dexter ou Hannibal Lecter.
Avec les cafards ça va je cohabite bien avec eux, on s’est réparti les espaces vitaux. Ils me foutent la paix dans ma chambre et je les laisse gambader dans certains coins de ma cuisine. On est dans un vivre-ensemble assez courtois et sympa.
Par contre les punaises, ça fait 3 ans que je les subis. Ces bêbêtes sont des X-Mens, presque des mutants increvables. J’ai tout essayé pour m’en débarrasser, mais bon, c’est vrai que je suis un excellent Leader Price Mc Donald pour ces bestioles.
Déjà qu’elles peuvent faire Blablacar avec mes tee-shirts quand je m’écroule de sommeil neuroleptisé. Les punaises sont comme des kamikazes Djihadistes ultras, pareil qu’avec les escadrilles de moustiques tigrés. Elles utilisent les plis de draps et d’oreillers comme les montagnes de Tora bora quand les GI Amerloques traquaient Oussama en Afghanistan.
Mon petit avantage sur ces bestioles c’est que mon sang est inondé de camisoles chimiques, ça les droguent un maximum. J’ai plus qu’à les dégommer alors qu’elles tentent de m’échapper, toutes bien défoncées, comme si elles étaient en soirées alcoolisée et qu’elles rentraient chez elles puis flashées sur l’autoroute. Par contre je les verbalise à la Vincent Blénet.
Si je raconte cet exemple scabreux, c’est pour illustrer guignolesquement les agissements extrêmes qu’ont fait les responsables de ces confinements. On peut vacciner, c’est très bien. On doit faire attention aux personnes âgées, c’est important. Mais de là à jouer, faire mumuse avec la fragilité, la souffrance psychique et psychologique de tout un chacun, là il y a des limites qui ont étés largement dépassées.
En gros les Français ont bien râlés, Macron les a tous gazés (comme pour la pub Sony).
La roulette russe n’a servi qu’à des fins politiques dans le but de roublardiser encore une fois la cervelle des cons-sommateurs. De toutes façon eux ils s’en moquent puisqu’ils ont retrouvé l’ivresse sordide dans leurs bars de petits cons. Et aussi ils vont flamber leurs CB dans des magasins d’objets inutiles ou de fringues farfelues, mais avec des étiquettes de marques.
Matérialismes, consommation abrutissantes, superficialités et religion de l’apparence.
A mon sens, la pandémie est devenue plus qu’une crise sanitaire, cette tragédie, cette catastrophe est presque devenue un outil politique dans le but d’imposer les caprices électoraux de tel ou tel. Les médias sont un vecteur ambulant de frayeurs et de conditionnements cérébraux. Plus vous maintenez la peur, la terreur à vos fidèles plus ils s’empresseront d’obéir à toutes vos exigences. C’est le même théorème qui s’applique à travers les religions, les sectes, les fascismes, les despotismes totalitaires, les trouilles communautaires. Plus les gens sont ignorants plus ils avalent la propagande distribuée facilement et directement. Plus vous pointez la différence, ou bien les chiffres de sondages (ceux-ci peuvent être aisément trafiquables et manipulables selon ce qui sera diffusé par les médias), d’ailleurs avec un bon monteur on fait dire ce qu’on veut aux images. Ne dit-on pas que la vérité dépend de celui qui la manipule, au bon vouloir de sa guise et de ses objectifs, de ses intentions personnelles, ambitieuses. Plus vous avez une assemblé de personnes effrayées, traumatisées par l’impossibilité d’acheter leurs inepties matérialistes, comme un manque de shoot d’héroïnes, plus vous les isolez d’une base informative et les cloîtrez dans des émissions stupides et focalisées sur le paraître, plus vous bombardez de la trouille dans l’esprit des gens et cela à longueur de journées en les abrutissant qu’ils n’ont aucune alternative autre que d’obéir à toutes vos exigences ; même les plus dingues, plus vous faites cela inlassablement, alors au final vous obtenez une population de débiles tous soumis et dociles prêts à faire tous ce que vous souhaitez. Et le pire c’est que les gens fonctionnent en troupeaux, pensée unique et collective, alors dès qu’une personne va poser des questions différentes, décalées avec le slogan arbitraire et marketing, là les gens vous accusent de « complôtisme », de troubler l’ordre civique et citoyen. Alors que pas du tout puisque vous cherchez juste à comprendre ce qu’il se passe autour de vous et vous utilisez votre cerveau. Mais ça c’était avant…
L’âme humaine est sale, l’émergence des nouvelles mentalités a permis la commercialisation de l’hérésie, la marchandisation et le tariffage des blasphèmes. Ce qui est vil est devenu démocratisé. Plus c’est abject et dégoûtant plus lourd va en être le bénéfice, et par essence même le marché à faire, les stock-options rentables aux courtiers cradingues de Wall-Street.
Regardez les informations, plus c’est dégueulasse, plus c’est choquant, plus c’est violent, plus ils vont zoomer sur l’horreur. Pourquoi ? Parce que ça génère de l’audimat. Les gens sont outrés mais ils vont regarder et ils vont même être fascinés. Après, aux yeux des autres ils vont jouer les offusqués, les pudiques et ils vont mentir à toute la terre en disant que c’est monstrueux, patati patata (pas tatie Pattaya). Alors qu’en vrai ils vont chercher le sensationnel, le scandale, ça les excite. Le voyeurisme fut quelque chose de condamnable à une époque, aujourd’hui c’est monnaie courante, c’est une industrie trop lucrative. Les vedettes de télé-réalités sont exposées et vénérées comme des Dieux de l’Olympe, c’est presque messianique de squatter les programmes des quatre heures et le prime-time des foyers. Vous avez subi les employeurs et les remontrances esclavagistes, puis vous rentrez assommés pour vous laisser abrutir par les doléances de Kimberly qui a oublié son string dans la chambre de Kévin, ça finit par des pugilas dans la villa ultra luxueuse prêtée par un gros bourgeois pour le tournage des Marseillais stupides, et plus ils gueulent et s’insultent férocement, plus ça va buzzer un max sur les urinoirs sociaux. Le grabuge ça se vend et ça se vend trop bien aujourd’hui.
La peur et les promesses inatteignables de sexualité avec les belles jouvencelles c’est un amas d’argent, l’âme et le cœur de l’humain c’est la tune. D’ailleurs les médias vont diviser pour mieux régner. Plus vous instaurez le chaos et la zizanie plus vous contrôlez tout. L’amour est un bon argument de vente du moment qu’il ne s’atteint pas, en revanche la haine sera toujours un argument béton pour rentabiliser les caisses de l’état, la grande distribution et tout le toutim bordélique de ce monde décadent en perpétuelle déchéance.
Les médias travestissent les faits, grâce aux montages, aux infos recoupées et tout un ramassis de rumeurs le plus souvent non vérifiées, avec plus de liberté, de morale, et moins d’éthique de conscience dans les rédactions toutes trop occupées à gratter du buzz pour être souverains de l’info présidentielle. Parce qu’il y a beaucoup d’audimat en jeu, et qui dit audimat, dit pognon à la clé, alors la vérification des faits pourquoi donc ?!..
Les journalistes ont désormais une sale réputation et c’est compréhensible, ils sont devenus les Judas du monde, ils sont prêts à exhumer leurs ancêtres défénestrés pour du buzz et une promotion dans la rédaction, pourquoi pas dans la régie afin de manipuler les images et les montages par eux-mêmes. Celui qui trafique la vérité, aujourd’hui c’est celui qui dit la vérité.
Beaucoup de gens surnomment les médias des « journalopes », je préfère les appeler des « Judas-List ». Parce qu’ils participent, parfois de plein pied, parfois sans savoir, mais c’est rare. Le Judas-List informera ce qu’on lui commandera d’informer contre de l’argent. Parce qu’aujourd’hui les médias sont des mercenaires de la publicité. Ils refusent de voir, d’entendre et de considérer les petits artistes, les petits écrivains à compte d’auteur pour beaucoup, parce qu’ils estiment que nous ne sommes rien, nous ne rapportons pas assez d’audimat et de pognon. Il y a, de ce fait, une discrimination outrageante et revendiquée par le système.
Comme quoi, malgré les réclames hypocrites sur le politiquement correct qui s’enchaînent dans nos téléviseur, les gens restent grossophobes, antisémites, claniques, capitalistes, méprisants et louables à la traîtrise ainsi qu’au mensonge. L’humain est corruptible, manipulable et monnayable.
Les « Judas-List » sont ceux qui bâtissent la modernité sociale de la ‘swastika fashionista’. Les Judas-List vont être ceux qui désignent qui doit-on croire, qui va boire leurs paroles, qui est notre maître, qui sont les différents, les différents à chasser, à exécuter, à détruire sournoisement et bannir de toutes joies sensuelles avec elles.
Sandrine Turquier : La morsure d’amour pour jouer du double sens du titre de votre ouvrage est l’empreinte sexuelle qui laisse trace donc qui ouvre l’arcane du souvenir charnel et émotionnel et par cela même vous rend vivant avec ce sentiment d’exister, la subtilité du choix de votre titre n’est-il pas un questionnement qui ouvre sur plusieurs réflexions d’ordre sexuel mais aussi existentiel ?
Vincent Blénet :
Pour commencer, il y a ce « tatouage » de vie que j’ai retranscris sur mes bras par le biais de couteaux de cuisine, en symbole de défiance agressive, d’exposition publique et ostentatoire à l’égard de la Vie, cette vie qui ne permet rien, cette vie qui ne pardonne rien envers les « différents », les « refusés » comme moi. Il fallait que je jette sur la place publique de tous ces normaux le revers du miroir que nous, les oubliés, recevons. A la base il s’agissait d’afficher ma souffrance et mes excès à la vue de tous, quitte à offusquer, quitte à scandaliser. Au contraire, plus j’affichais la peur, plus j’exultais de « plaisir » dans le sens où je devenais l’inverse de mon enfance, je devenais le révélateur cauchemardesque de toutes les offenses et les crimes psychiques de tous ces normaux envers moi, lorsque mon retrait, mon abstraction, mon introversion maladive m’empêchaient de répliquer quand la vie viola mon âme.
Donc les premières morsures furent des tatouages de souffrances pour démontrer que leur idéologie commet des assassinats émotionnels sous l’acclamation du système, comme la cour des traîtres à Versailles. Faire peur pour être révélateur.
En second plan il y a l’illustration de la mort certaine pour une soi-disant bonne cause civique. Au nom du devoir civique, du geste citoyen, on confine, on séquestre, on empêche certains de respirer leur bien-être psychique jusqu’à ce qu’ils deviennent dingues et cherchent à se détruire ou se suicider. Mais au nom de la responsabilité civique et du devoir citoyen, on nous trucide sans vergogne, peu leur importe qu’on soit en train de mourir, du moment qu’on obéit à l’excès. Pas grave qu’on se suicide du moment qu’on obéit à leurs règles.
Par amour je vous enferme, je vous empêche d’avoir vos activités vitales pour votre bien-être, je vous séquestre dans la folie autodestructrice, je vous verbalise si vous essayez de vivre, je vous détruis la cervelle. Je vous assassine froidement et proprement, mais je vous tue par amour.
Un autre symbole dans le titre de ce livre, c’est la dédicace à ces nuits de sociabilisassions que j’ai faites à Montpellier, notamment dans mes observations pour mes précédents ouvrages. Ainsi qu’une dédicace à toutes ces jolies jouvencelles que j’ai aimées lors de mes vagabondages dans la surface des humains normaux. La morsure d’amour pour Lise qui m’a sûrement fait mourir d’amour, et d’autres jeunes femmes qui ont broyé mon cœur. C’est également la morsure empoisonnée des jeunes femmes que j’ai rencontrées qui ont perverti le féminisme qui était en moi. La mort sûre de mon cœur, lequel se meurt par amour, amour qui n’a pas de place chez les normaux.
Bien évidemment oui, mon titre et l’âme de mon nouvel ouvrage posent la question au monde, pourquoi et pourquoi pas ?!…
Sandrine Turquier : Vincent Blénet, terminons cette interview sur une question surréaliste. Vous déjeunez à la table de Jérôme Bosch ce peintre flamand de génie qui sut décrire dans ses peintures la quintessence des allégories morales accompagné d’Arthur Schopenhauer, quels sont les deux sujets principaux que vous abordez ?
Vincent Blénet :
Tout d’abord je ne connaissais pas vraiment les œuvres de ces deux artistes. Grâce à vous chère sœur d’écriture, j’ai commencé à découvrir le parcours de Mr Arthur Schopenhauer.
Il se trouve que j’ai noté quelques similarités de parcours entre ce philosophe et certains des maux de mon passé.
Je ne partage pas toute sa philo sur le regard qu’il porte mais je partage quelques points de vue avec cet homme. Notamment le témoignage qu’il retranscrit suite à sa vision horrifique des galériens au bagne de Toulon, lesquels furent privés d’émotions, enchaînés à un monde clos, une prison terrifiante, des forçats dépourvus de joie et sans aucune perspective d’avenir, aucun but. En cela je retrouve mes précédentes observations, lorsque je traversais le monde des vivants, et que j’ai observé avec effroi comment les normaux cons-sommateurs traitaient les gens SDF dans le quotidien.
La fourmilière des acheteurs compulsifs était disciplinée et rigoureuse. Comme un ballet mécanique et froid de robots glacés. Les cons-sommateurs faisaient exprès d’ignorer les salutations bienveillantes des sans-abris parce que dans leur subconscient si vous n’êtes pas de ceux qui font et refont le pouvoir d’achat, alors vous n’êtes rien. Comme si la possession de cartes bancaires et du nombre de zéros sur un compte offraient plus de considération et de politesses humanisées envers autrui.
Même concept vis-à-vis de l’escorting. Plus vous allez facturer, plus l’instant sera féérique. Avec une somme modique et dérisoire vous ne faites que survivre au chaos par une expérience cauchemardesque, mais accessible, à votre portée.
Schopenhauer pensait qu’il n’y a pas de monde derrière notre univers, il ne croyait pas à l’au-delà. Sur ce point je suis ambigu. En effet je suis d’origine croyant, j’ai une spiritualité (un peu spéciale c’est vrai, c’est une spiritualité recomposée de flammes à la Vinsou Blénet).
Par contre depuis le décès de ma grand-mère Hélène, l’idée qu’elle n’est plus qu’en cendres, emmurée dans un columbarium, cela a un peu égratigné une vision absolue d’une après-vie. J’ai perdu un peu la Foi. Et je comprends Schopenhauer quand il se résigne à croire à l’existence de l’âme. Cependant je ne peux me résoudre à cette vision radicale.
Nous sommes dotés d’émotions, de sentiments trop complexes, nos désirs, nos actions, nos impulsivités ne peuvent pas être résumées à un scaphandre organique de chair et de sang, bêtement, froidement comme ça.
Par contre le corps est un espace qui vit, il s’exprime et coexiste avec notre esprit. Comme un Ying et un Yang qui se conjuguent avec harmonie (pas toujours mais bon) dans un ballet symphonique de l’évolution humaine.
Il est très compliqué voire extrêmement difficile de concevoir l’existence, métaphasique ou spirituelle, d’un lieu d’amour et de paix où nos prières sont prises en compte par Dieu, les saints, nos êtres chers disparus, voire les anges, lorsqu’on est trop habitué à fréquenter le désert, tutoyer le désespoir, le chaos et la souffrance.
Comment concevoir la présence, éventuelle ou supposée, d’un Dieu bienveillant qui vous aime ?! La présence d’un paradis alors qu’on est enclavé à un enfer bien réel et trop palpable ?!
Personnellement je crois davantage à la punition, l’abandon et le rejet de la part du Ciel, de la part de Dieu. Toutes mes souffrances et mes regrets ont pris le dessus sur mon subconscient. Je vois tellement de vies et de privilèges aux autres, aux humains normaux, à ceux qui sont les bourreaux de mon donjon journalier. Je vois l’amour de Dieu pour eux et jamais à mon égard. Peut-être que je me trompe, que j’ai tort, qui sait ? Mais le silence est un poison pour la Foi, il pousse mes doutes et mes peurs à croire au rejet et à cette haine du Ciel.
Et puis, c’est plus facile et sans prise de tête de ne pas y croire et de s’autoriser à n’importe quelle bassesse, n’importe quel blasphème, n’importe quelle hérésie, puisque le présent c’est le néant. Juste le bénéfice de la bouffée d’oxygène sans remontrance.
D’où le foisonnement de festivals d’excès en tous genres, comme le « Burning Man » aux États-Unis où les participants se lâchent et se dévergondent dans l’outrance et l’absurde. Pareil pour les soirées étudiantes où frôler les excès est symbole de faire la fête. Aujourd’hui plus vous allez toucher les limites de la vie, parfois jusqu’à toucher le trépas définitif, plus vous croyez ressentir la vie à l’état brut. Beaucoup de jeunes font cela, parce que la société incite les gens à masquer leurs émotions. Toujours répéter « ça va » quand on vous le demande. Eviter de pleurer, de vous confier sur votre tristesse, éviter de dévoiler ses faiblesses, ses fragilités, ses doutes, toujours besoin d’afficher une assurance déstabilisante à présenter dans le cadastre sociétal. Les gens se disent « êtres humains » mais ils s’interdisent d’êtres humains, ils bannissent l’essence même de l’humain, qui est de respecter ses limites et accepter qu’on n’est pas tous identiques ni insurdomptables.
Je découvre avec une grande surprise heureuse ce peintre Jérôme Bosch.
Il est vrai que j’ai une écriture très compliquée à cerner. Un ami portier, Mehdi, me l’a dit pour m’aider à comprendre pourquoi j’ai des difficultés à trouver un lectorat avec mes livres.
Je suis constamment enfermé dans mon subconscient et mes pensées tous azimuts. Moi-même je comprends mes sens cachés, mes métaphores mystiques, mes sous-textes. Mais les gens qui ne me connaissent pas ne peuvent pas percevoir mes névroses littéraires et les origines de mon inspiration. J’ai tendance à trop compliquer mes écrits et me cloisonner dans une approche assez rétro d’un style qui frôle l’écriture pompeuse.
En fait j’aimerais que ma plume puisse danser en équation rythmique et cadencée sur la beauté poétique de la littérature des auteurs de l’ancien siècle, ces écrivains majestueux qui me fascinent et dont j’espère être un bon élève.
Parfois je ne pourrais pas expliquer moi-même l’entière analyse de ce que j’écris. J’écris des lignes dont je maîtrise certaines philosophies et certaines phrases s’y ajoutent dans la foulée et puis ça donne plus de profondeur à chaque texte. Suis-je érudit, suis-je inconscient de ma prose ?… Je ne sais pas. Je ne crois pas être quelqu’un d’intelligent, je me dénigre tout seul (lorsque ce n’est pas les normaux du centre-ville de Montpellier).
Je pense qu’il y a une part de hasard qui rendra la beauté ainsi que la force dans une œuvre d’art pour chaque créateur. C’est ce qui en fait la magie. Ne pas toujours avoir à calculer les algorithmes des émotions, de l’Entertainment, de la réussite lucrative, du marchandising, de tout et sur tout. Le problème aujourd’hui c’est que l’artiste est un produit marketing, un produit robotique.
Il n’y a plus une découverte inattendue, aucune surprise émotive, plus rien de rien.
L’argent dicte comment on devrait se distraire, comment on devrait rêver etc.
C’est justement l’interprétation propre à chacun, du regard envers un livre, de l’écoute envers la musique ou de la contemplation sur une peinture qui rend la noblesse de l’art intemporelle, que l’art est immortel, magique et magnifique.
La première question de débats d’idées que je poserais éventuellement à Arthur Schopenhauer serait :
« Ne trouvez-vous pas triste que malgré les prouesses franchies par l’évolution de l’humanité, malgré toutes ces avancées de connaissances, d’ouvertures philosophiques etc.etc… Les gens restent ancrés à des impulsions grégaires, des stigmatisations d’autrui, en masse collective. Que malgré les traversées des siècles et tous les enseignements de l’Histoire, nous sommes encore une espèce primitive, décadente, irréfléchie, irresponsable, fasciste, imbécile et vouée à l’échec permanent comme toutes les époques ayant succombé au déclin ? ».
« Pourquoi chercher à enrichir l’esprit des gens puisque seul le matérialisme et la souveraineté bestiale avec beaucoup d’argent obsède l’humanité ? ».
Je crois que je demanderais à Jérôme Bosch :
« Devrait-on abolir la grandeur des artistes en abrutissant le cerveau des gens par de la merde qui se vend, qui se Tweet, qui se like à gogo et qui fait trop de buzz ? Au détriment de la recherche de spiritualité, de ses doutes, de ses peurs, de la quête de soi et de trouver sa place dans le monde ? »
Schopenhauer décrit la religion, la raison et l’Histoire comme étant un « carnaval, bal masqué des passions et des convictions ». Je suis entièrement en harmonie avec cette analyse.
N’est-ce pas dans le blasphème, dans l’hérésie, le sacrilège, que beaucoup d’artistes ont illuminé la magnificence de l’être humain ? N’est-ce pas lorsque l’on caresse la disgrâce, qu’on révèle et que l’on confesse ses véritables faiblesses que la retranscription d’une œuvre d’art est un chef d’œuvre ?
Actuellement c’est dans la bêtise et l’argent que l’on considère un trimard comme un artiste.
Interview réalisée avec Sandrine Turquier (Poétesse et Auteure). Publiée sur le site de l’ami des auteurs par Frédéric Candian Auteur. Nouvel ouvrage (dix-septième) « Mort Sûre d’Amours » publié aux éditions « La Compagnie Littéraire ».