Bienvenue à Yolande Zana
Par Frédéric Candian, auteur de plusieurs romans, dont Deux âmes dans l’antre des fous (Publibook, 2002) et La communauté de Thésée (Edilivre, 2009), ainsi que du recueil de nouvelles Le langage des oiseaux (Edilivre, 2015). Son site web : www.fredcandian.fr
Les questions que pose Yolande Zana dans son livre 60 roses pour 15 ans de ZEP sont des questions que je comprends très bien, moi qui ai eu l’occasion de les aborder dès les premiers mois d’existence de L’ami des auteurs.
Oui, je sais, cela remonte déjà à un certain temps, pour ne pas dire un temps certain. Donc pour commencer, sachez que Yolande Zana a été directrice d’école et que dans son livre, elle relate son parcours, en ZEP et ailleurs, jusqu’à son départ à la retraite. Arrivée au terme de cette longue et difficile carrière, Yolande Zana délaisse cette carrière non sans une certaine amertume.
C’est peu ou prou la même amertume qu’avait exprimé Jeanne Thibault, dans son récit Petites histoires ordinaires. Entre les deux livres, on trouvera probablement des différences certes, vu que Jeanne Thibault a été principale de collège, mais la démarche de nos deux auteures me semble très voisine.
Il apparaît en substance que les chefs d’établissements scolaires se heurtent toujours à un mur. Parfois, ce sont les élèves, parfois la hiérarchie, parfois les deux. En ce qui concerne Yolande Zana, ce sont les enseignants qu’il a fallu affronter de manière systématique, quel que soit l’établissement concerné. L’auteure se voit telle une « chef à abattre ». Pour les enseignants, il est souvent plus facile de se ranger du côté des élèves face à l’autorité du chef d’établissement. Moi qui ai effectué une courte carrière dans l’enseignement, j’en ai vite compris certains rouages, que Dieu merci, j’ai réussi à fuir.
Ce que j’ai pu constater depuis, et que confirme aujourd’hui ma découverte du livre de Yolande Zana, c’est que la posture trompeuse et mensongère de L’Education Nationale conduit beaucoup d’anciens professionnels de l’enseignement à quitter le milieu aigris, et avec le sentiment d’avoir eu à lutter contre des moulins à vent durant toute leur carrière.
Ce qui est décourageant, c’est que L’Education Nationale, pour des raisons purement idéologiques clairement identifiées par Yolande Zana, ne fasse aucun cas des livres qui dénoncent ces manquements. Ce qui est encourageant, au contraire, c’est justement le nombre de livres (J’ai cité Jeanne Thibault, mais il y en a d’autres) qui apportent leur pierre à l’édifice de la vérité.