J’ai lu : Périple sur la sente de Passemonde, de S de Sheratan
Par Frédéric Candian, auteur de plusieurs romans, dont Deux âmes dans l’antre des fous (Publibook, 2002) et La communauté de Thésée (Edilivre, 2009), ainsi que du recueil de nouvelles Le langage des oiseaux (Edilivre, 2015). Son site web : www.fredcandian.fr
Quelle heureuse surprise que la découverte des premiers chapitres de ce premier tome de la collection Aventures Arcanes proposée par la Compagnie littéraire ! Périple sur la sente de Passemonde, signé S de Sheratan, nous plonge dans un registre hybride entre la science-fiction et l’heroic fantasy. Hybride, tel pourrait être l’adjectif qui résume le mieux l’atmosphère de ce roman, où tout est ambigu. La nature des personnages, parfois humains, mais pas tout à fait, leur bisexualité plus ou moins assumée, l’environnement qui bascule du futuriste au moyenâgeux, l’inclination de la morale qui oscille entre le bien et le mal.
Il règne tout au long du livre une atmosphère qui n’est pas sans évoquer Le chien des Baskerville ou la Bête du Gévaudan. Une sensation de danger permanent, à laquelle la double nature des personnages évoquée plus haut n’est sans doute pas étrangère. La couverture du livre, somptueuse, en résume parfaitement la teneur. Les créatures se montrent telles qu’elles sont, mais pas entièrement, leur part sombre s’apprêtant à surgir à tout moment. Bref, tout aurait dû concourir à me faire adorer ce livre.
Alors que s’est-il passé? Le livre est-il trop long? Le déroulement de l’intrigue, la quête de la petite troupe de héros, qui grandit au fur et à mesure de sa progression, me font-ils trop penser à la trilogie de Tolkien, Le seigneur des anneaux, le modèle du genre?
De ce côté-là, pas de souci, S de Sheratan respecte à merveille les codes de l’heroic fantasy, et les fans seront comblés. Les rebondissements sont nombreux, les paysages aussi. Licornes, vampires et succubes sont au rendez-vous, combats épiques et pouvoirs magiques également. On trouve du fantastique, du polar, et même un soupçon d’érotisme.
Vous l’aurez compris, l’univers de S de Sheratan est riche, très riche. Trop riche? A vous de juger. Pour ma part, j’ai l’impression que le tout fonctionne assez bien, dès lors qu’on ne se perd pas dans la pléthore de noms à coucher dehors tels que Ephriarc Geryxiarx, Mirfasal Baltofis, Malkéas Ophidrem ou Bryciane Bazembrise. Et je vous épargnerai les noms des nombreuses localités traversées par nos vaillants héros.
Alors pour finir sur une note de positive, je souligne que la découverte de l’univers de S de Sheratan réserve quand même son lot de bonnes surprises et ce n’est pas fini, car la quête d’Ephriarc se poursuivra dans le tome deux. Le dépaysement est garanti et les amoureux du genre seront conquis.
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