J’ai lu : Je ne saurais jamais jouer la comédie sociale, de Sabrina Biodore
Par Frédéric Candian, auteur de plusieurs romans, dont Deux âmes dans l’antre des fous (Publibook, 2002) et La communauté de Thésée (Edilivre, 2009), ainsi que du recueil de nouvelles Le langage des oiseaux (Edilivre, 2015). Son site web : www.fredcandian.fr
Comment devient-on écrivain ? Si on imaginait le parcours du combattant que cela représente, on n’y songerait même pas. Et pourtant, dans l’esprit de beaucoup de gens, c’est le métier facile par excellence. Ecrire, c’est à la portée de presque tout le monde, et le plus dur, c’est de surmonter l’obstacle de la page blanche. Après, on est invité chez Ruquier, sur France Culture ou RTL, on donne son avis sur tout et cet avis, unanimement respecté, fait force de loi. Car on est un intellectuel. On est un E-CRI-VAIN !
Moi aussi, j’y ai cru. Quel auteur n’y a pas cru ? Lorsque mon premier bouquin est paru voici quinze ans, il était évident pour moi que j’allais passer à la télé. Et à chaque nouveau livre, on y pense toujours un peu, ou disons qu’on ose encore en rêver, même si avec les années et l’habitude, l’illusion s’estompe à chaque fois un peu plus. Au bout du compte, on en vient à créer L’ami des auteurs.
Car en réalité, les auteurs n’ont pas d’ami.
Un adage découvert récemment dit, en gros, ceci :
Lorsqu’on entreprend quelque chose, on se fait beaucoup d’ennemis : ceux qui veulent faire le contraire de vous, ceux qui veulent faire la même chose que vous, et l’immense majorité de ceux qui ne font rien.
Non, un auteur n’a pas d’ami. Et la comédie sociale dont parle Sabrina Biodore dans son livre consiste précisément à chercher des amis, ou croire que l’on en a. L’écrivain, le vrai, n’est pas dupe. Alors il refuse de jouer cette comédie sociale, ce spectacle de marionnettes, dans lequel il ne se reconnaît pas.
L’auteur n’a pour ami que lui-même, n’a pour distraction que son monde intérieur, son imagination et son envie d’écrire, qui n’intéresse que lui et ne lui rapporte rien ou si peu, si ce n’est cette satisfaction de savoir qu’il est pleinement lui-même, envers et contre tous.
Le parcours de Sabrina Biodore, c’est un peu le mien, et celui de toutes celles et ceux qui survivent à la parution d’un premier livre. Un premier livre qui ne marche pas, bien entendu, comme l’immense majorité des premiers livres. D’ailleurs, un premier livre qui marche en devient suspect du coup.
L’auteur qui s’aperçoit que ça ne marche pas comme il l’aurait souhaité et s’arrête là est un fantoche. J’aime à croire que celui qui est toujours là quinze ans plus tard aura au moins le mérite de sa constance dans la folie.
Enfin bref, si vous souhaitez connaître le parcours d’un auteur, si vous voulez savoir comment on se précipite avec joie et bonne humeur dans cette galère, lisez le livre de Sabrina Biodore, paru chez Edilivre.
Et je ne le répèterai jamais assez, faites tous vos bagages pour venir passer votre week-end dans le Béarn, et plus particulièrement dans le charmant village médiéval de Navarrenx, où se déroulera samedi et dimanche le salon du livre où je vous attendrai en compagnie de Fredel, et où vous pourrez vous procurer pour une somme modique le livre de Sabrina Biodore (entre autres).
Alors, L’ami des auteurs, c’est pas mieux que chez Ruquier ?
Adishatz, comme on dit par ici, et à ce week-end !
C’est tout à fait cela, et encore c’est optimiste!
Il faudrait envoyer cet article aux 300 « chrétiens » sur Facebook qui ne dorment plus depuis la sortie de mon premier livre qui selon eux m’aurait permis de gagner des milliards en usant de la parole de Dieu.