interview : Priska Soba
Comment êtes-vous arrivée à l’écriture ?
Pour être honnête, je ne suis pas arrivée à l’écriture, l’écriture est venue à moi. En effet, j’écris des histoires depuis le primaire. Des petits bouts de rien qui ont fini par devenir des romans. C’est devenu un besoin, une nécessité, un moyen de m’exprimer, car si j’arrive à manier les mots à l’écrit, il n’est plus difficile de m’exprimer de vive voix. C’est ainsi que je communique le mieux. Les livres, écrire m’apportent une liberté sans pareil.
A qui s’adressent vos livres ?
Je dirais à un public averti, ou tout le moins à ceux qui ne craignent pas qu’on aborde les sujets tabous, les noirceurs de l’âme humaine. Il y a de la douleur dans mon écriture, d’une certaine façon je décris les blessures avec une précision parfois dérangeante. Malgré tout, je pense qu’un large public peut s’intéresser à mes écrits.
Quel est le sujet de votre dernier livre ?
Là, on en vient à ce qui pour moi est l’exercice le plus difficile. J’ai toujours été nulle quand il s’agit de faire un résumé, et pour mon dernier ouvrage, je crois que le mieux reste la quatrième de couverture. « Elle était mon enfant, ma prison de mensonges, mon enfer. Exilée, contrainte de vivre en recluse afin d’expier une faute que je n’avais pas commise, loin des hommes, sans avenir je suis demeurée. Comment aurais-je pu l’aimer ? Elle ne m’était rien. Elle n’était qu’une aberration dans un monde de douleur. »
Après ses deux premiers romans, l’auteure compose cette fois-ci un récit dérangeant sur la haine d’une mère pour la chair de sa chair.
Couleurs d’automne nous entraîne dans la vie d’une jeune fille de 16 ans, qui donne naissance à une petite fille suite à un viol. Elle n’aura alors plus qu’un seul désir : effacer jusqu’à l’existence même de cet enfant. La haine et la violence de cette mère auront-elles des limites ?
Grâce à une écriture forte et sans concession, l’auteure aborde des thèmes aussi complexes que le rapport au corps, au masculin ou au sexe mais également ceux bien plus dérangeants de la violence et de la perversité. Un livre puissant qui ne vous laissera pas indifférent.
Couleurs d’automne aborde la construction de l’identité suite à des traumatismes, il parle de haine, de souffrance, de mal être, de cette impossibilité à correspondre à la normalité. De l’incapacité d’une mère a aimé son enfant, d’une enfant incapable de grandir suivant un schéma classique.
Comme vous pouvez le constater, je ne sais pas faire un résumé, d’autres ont dit de cet ouvrage, qu’il est sombre, captivant, un mal nécessaire. Je vous laisse vous faire votre propre opinion.
Cherchez-vous à transmettre un message dans votre livre ou vos livres, et si oui, lequel ?
Je suppose que même à son insu un auteur véhicule un message, ne serait-ce que sa propre perception du monde. J’écris pour toucher autrui, pour faire ressentir une émotion. Au-delà de ce souhait, j’écris parce que des mots, des personnages viennent à moi, et s’expriment au travers de mes écrits. C’est une douce folie. Mais je ne cherche nullement à délivrer un message particulier.
Quelles sont vos influences ou vos sources d’inspiration ?
En ce qui concerne mes influences, je dirais que je rends grâce aux auteurs que j’ai croisés tout au long de ma vie, en partant de Malraux avec La Condition Humaine, en passant par Coelho, puis Ravalec avec Wendy, Virginie Despentes avec Baise-moi, Maupassant et le Horla, mais là ce sont uniquement ceux qui me viennent à l’esprit. Chaque roman que je découvre, chaque auteur qui m’invite dans son univers influence ma vision du monde, sa compréhension, appréhension, et donc mon écriture.
De mon point de vue, un simple reportage peut m’inspirer une idée d’écriture, la beauté d’un paysage, une musique. L’environnement dans lequel nous évoluons nous inspire, nous transporte, et parfois nous égare. En tout cas il en va ainsi en ce qui me concerne.
Avez-vous un conseil pour les auteurs débutants ?
Je suis moi-même encore débutante, alors je dirais qu’il faut s’accrocher, croire en ce rêve fou de voir nos mots prendre corps et être accepté, voire apprécié par autrui. Je pense qu’on doit sans cesse rechercher une forme de perfection impossible à atteindre. Nous sommes des artisans et nous polissions chaque mot, chaque phrase, pour rendre justice à notre récit.
Avez-vous de nouveaux projets d’écriture ?
Oui, mais comme en règle générale lorsque je pars d’un point A, il m’arrive de passer par Y avant de revenir vers B. Je ne peux actuellement vous dire exactement de quoi il sera question, sauf peut-être que ce nouveau projet abordera l’absence, et certainement la notion de deuil, voir le refus du bonheur. Disons que c’est encore un peu confus.
Un dernier mot ?
Merci, de m’avoir permis de parler de ce qui me tient à cœur et me caractérise, et de me permettre de croire en mon rêve de voir mes écrits vivre leur propre existence. J’espère sincèrement parvenir à atteindre autrui au travers des mots, et qui sait, peut-être laisser une petite trace. En fait, je suis comme tout auteur, enfin je le crois, toujours anxieuse de savoir si mon travail va plaire, et remplir cet unique objectif : faire ressentir des émotions.