Bienvenue à Eulalie Bué
Par Frédéric Candian, auteur de plusieurs romans, dont Deux âmes dans l’antre des fous (Publibook, 2002) et La communauté de Thésée (Edilivre, 2009), ainsi que du recueil de nouvelles Le langage des oiseaux (Edilivre, 2015). Son site web : www.fredcandian.fr
L’écriture, cela vient parfois sur le tard, même si on a porté cela en soi tout au long de son existence. Cela peut aussi advenir très tôt, dès l’adolescence. C’est alors souvent, ne nous le cachons pas, pour exprimer un mal-être ou du moins, pour exprimer ce que nous ne savons pas exprimer autrement.
C’est certainement le cas d’Eulalie Bué, toute jeune auteure de dix-sept ans qui, avec son premier livre titré Recueil poétique, souvent obscur, d’une ado, s’attaque à un genre qui se prête bien à la mise à nu des émotions et des sentiments, mais qui n’est peut-être pas le genre le plus facile à aborder, a fortiori lorsqu’on entre à peine dans l’âge adulte.
Mais c’est à ce prix que l’on surmonte le harcèlement à l’école ou l’attrait du suicide. Au prix d’une confrontation avec soi-même pour mieux éviter une confrontation trop violente avec les autres. Les influences visibles ou invisibles sont là, omniprésentes. Elles nous intriguent, nous effraient, mais elles nous endurcissent également et nous aident à grandir et devenir ce que nous sommes.
Eulalie Bué souffre et elle l’écrit. Un jour peut-être, je le lui souhaite, elle ne souffrira plus mais continuera d’écrire car l’écriture sera devenue sa vie, sa force, son triomphe sur les puissances obscures qui nous gouvernent. Les larmes et la solitude sont une richesse, parfois la seule richesse d’un écrivain, d’un artiste.
Alors oui, je sais, cela ne fait pas bouillir la marmite, cela ne tient pas chaud à l’approche de l’hiver. C’est pour cela, figurez-vous, que les déshérités de l’âme sont accueillis au coin du feu pour déguster une tasse de thé ou un bol de soupe, le soir venu, dans l’humble demeure de L’ami des auteurs.